Un nouveau tonfa, doté d’un aileron supplémentaire à l’aplomb de la poignée, a fait son apparition dans les milieux de la sécurité. Le tonfa A.I.T.O., c’est son nom, est un bâton imaginé par Thierry DELHIEF. Il est le fruit de ses vingt années passées dans le monde de la sécurité, en tant qu’homme de terrain et formateur. D’une utilisation identique au tonfa classique, il permet, grâce à son aileron, d’élargir de façon sensible la gamme de blocages, ripostes et contraintes articulaires, tout en offrant une sécurité accrue. Autant d’avantages tactiques qui lui promettent un bel avenir opérationnel.
Même si le tonfa a maintes fois prouvé son efficacité opérationnelle, il est parfois nécessaire, dans certaines situations, de changer la prise en main afin de bénéficier de l’ensemble des possibilités qu’ il offre. Ainsi, les techniques de crochetages notamment, ne sont pas réalisables avec une prise en main conventionnelle. Cette façon de tenir le tonfa, malgré la richesse des techniques qu’elle permet,donne un aspect extérieur plus agressif qu’une tenue conventionnelle (tonfa tenu par la poignée, par opposition à la tenue non conventionnelle, où le tonfa est tenu par le corps), et engendre un risque accru de percussions dangereuses avec la tête de poignée, ce qui fait que les administrations ont choisi de limiter les phases d’apprentissage de ces tenues.
C’est pour palier, entre autres, à ce problème que Thierry DELHIEF, expert internationalement reconnu en self-défense et bâtons de défense, a crée une nouvelle arme intermédiaire, qui, petit à petit, commence à prendre sa place dans le paysage des métiers de la sécurité. Son nom ? L’ A.I.T.O.
La Polynésie française tenant une place à part dans l’histoire de l’A.I.T.O., ce n’est pas une surprise si Thierry nous confie que le premier prototype d’A.I.T.O. a été fabriqué à Tahiti… en bois d’Aïto, qui est un bois très dur et très résistant, d’une densité proche de celle de l’acier, et que l’on nomme là bas « bois de fer ». Par ailleurs, en tahitien, le mot aïto signifie « guerrier protecteur », et qu’il a une connotation d’élite, de haute valeur morale. Par ailleurs, l’acronyme qui a été choisi, A.I.T.O., signifie Arme Intermédiaire pour Techniques Opérationnelles. Thierry l’a adopté car il reflète bien qu’il s’agit là d’une arme qui s’inscrit, dans le
continuum d’usage de la force, comme un moyen de force intermédiaire, et que sa vocation est avant tout opérationnelle.
De l’aveu même de son concepteur, l’ A.I.T.O. est d’abord le fruit d’une erreur… ou plutôt d’une répétition d’erreurs. Celles que faisaient de façon régulière certains stagiaires sur des attaques à la batte de base-ball. Leurs blocages, inadaptés, se concluaient souvent par des battes qui ricochaient sur le tonfa et qui atteignaient tout de même leur cible. Fort de ce constat, Thierry a commencé par « bricoler » un tonfa avec une butée située en opposition à la poignée, de façon à les aider à gommer cette difficulté. L’expérience aidant, il s’est vite rendu compte que ce rajout présentait de nombreux avantages qu’il n’avait pas perçus initialement.
Le tonfa A.I.T.O. (et le brevet qui lui est associé) est donc une évolution issue de 20 ans d’expérience opérationnelle et d’enseignement professionnel du tonfa. Il possède une poignée légèrement inclinée vers le petit côté, permettant de respecter l’ergonomie du poignet lors des ripostes lorsque le bâton est le long de l’avant bras. Ainsi, l’alignement poing - avant bras est respecté, ce qui n’est pas le cas avec un tonfa classique, entraînant souvent des traumatismes. Cet ajout est le fruit des retours d’expérience terrain, et son bien fondé a été confirmé par des médecins qui ont examiné les sollicitations engendrées par un tonfa classique avec une poignée perpendiculaire au corps et par la poignée profilée de l’A.I.T.O.
Ce sont ces constats, couplés avec le souhait d’améliorer les possibilités offertes par le tonfa, qui ont présidés au développement du tonfa A.I.T.O. Le but n’était pas de « ré inventer la roue » et de repartir de zéro en créant une nouvelle arme, alors qu’il était possible de capitaliser sur un existant solide, pour lequel les forces de l’ordre bénéficiaient par ailleurs d’années d’expérience et de formation. Ainsi, les services déjà dotés du tonfa peuvent s’équiper de ce nouveau modèle. Dans cette optique, le tonfa A.I.T.O. se décline déjà en modèles monoblocs de 60 centimètres en polypropylène et polycarbonate, et il sera bientôt disponible en monobloc de 50cm, et dans un modèle télescopique.
Par ailleurs, un étui spécialement conçu pour le tonfa A.I.T.O. permet d’orienter le tonfa dans différentes positions (il est déjà utilisé par différents services de police municipale en France métropolitaine et dans les DOM TOM)
L’A.I.T.O. a donc été conçu pour apporter des solutions là où le tonfa peut parfois être pris en défaut. C’est notamment le cas lors des phases de blocage, spécialement face à des armes lourdes telle qu’une batte de base-ball. Dans cette situation, si le blocage avec le petit ou le grand côté du tonfa n’était pas parfaitement perpendiculaire à l’attaque, il y avait un risque que la batte ripe sur le tonfa, et vienne tout de même percuter l’agent. Ceci s’explique par le fait que pour limiter l’onde de choc du blocage et augmenter son efficacité, il est préférable de « rentrer » dans l’attaque, ce qui peut, à l’inverse provoquer ce phénomène de glissade. Grâce à son aileron, l’A.I.T.O. permet d’avoir une garde afin de préserver la main qui pourrait être en renfort sur le petit côté, lors notamment de maintien à distance face à un couteau. On peut légitimement s’interroger sur la résistance de cette saillie face à une attaque aussi puissante que celle d’une batte de base-ball. Cependant, le positionnement et la structure de l’aileron ont été spécialement conçus pour offrir une résistance et une absorption maximale, même dans le cas de chocs très violents.
De plus, toujours dans l’optique d’une défense face à une arme blanche, l’aileron va offrir des possibilités de désarmement très intéressantes. En effet, avec sa forme profilée, il va provoquer, lors de blocages directs ou de percussions sur les mains porteuses une douleur bien plus importante que le corps lisse du tonfa. Ainsi, une « simple » percussion sur une zone à dangerosité réduite (zone verte), va obtenir de meilleurs résultats, là où l’on pourrait être amenés à évoluer en zone orange voire rouge avec un tonfa afin de gagner en efficacité.
L’A.I.T.O. permet aussi de gagner en efficacité lors des phases coercitives : dans le cas des défenses sur certaines saisies (niveau poitrine, notamment) où l’on va souvent venir plaquer la main de l’agresseur contre soi afin d’en prendre le contrôle, ou, à l’inverse, quand on veut plaquer les bras d’un individu contre lui, l’aileron offre un contrôle bien meilleur que celui de la seule coupe du tonfa. En effet, dans cette situation, le bras de l’individu ne peut plus glisser le long du bâton et faire échouer le moyen d’amener. C’est notamment le cas lors d’une clé de coude en extension : l’aileron vient appuyer directement à la base du triceps, permettant une contrainte plus efficace. Par ailleurs, si l’individu possède un vêtement épais, l’aileron, saillant, vient renforcer l’action du moyen d’amener en améliorant le contrôle. Et ceci reste vrai pour les contraintes sur les membres inférieurs. Une fois encore, l’aileron va autoriser le porteur de l’A.I.T.O. à effectuer des blocages douloureux sur les coups de pieds, et il permettra des contrôles nettement meilleurs, en emprisonnant la jambe lors de la contrainte articulaire.
Et les apports de l’A.I.T.O. sont tout aussi importants face aux armes blanches, comme un couteau ou un coupe-coupe par exemple. Avec un tonfa, l’absence de relief sur la coupe fait qu’il est possible de l’utiliser comme une barre de guidage : il suffit de s’appuyer dessus et de laisser glisser le couteau pour arriver directement aux doigts du porteur du tonfa. Une fois encore, l’A.I.T.O. permet de prévenir ce risque grâce à l’existence de son aileron et offre de fait une sécurité supplémentaire bien appréciable dans ce genre de situation très tendue. Il offre en plus deux avantages non négligeables pour ce type de menace : le premier est de permettre un blocage direct (sur la main porteuse de l’arme) très douloureux (l’aileron venant heurter directement les os), qui résultera la plupart du temps en un lâcher du couteau. Le second avantage est de permettre, dans le cas où une reprise de distance n’est pas possible, un surpassement simplifié (l’aileron maintenant la main armée « prisonnière ») et beaucoup moins aléatoire qu’avec le tonfa, dont la coupe est lisse.
En plus du gain en efficacité que nous venons de voir, l’aileron de l’A.I.T.O. rend l’apprentissage des techniques beaucoup plus simple pour les débutants (c’était d’ailleurs bien cela la préoccupation de Thierry DELHIEF et des instructeurs de la FFBD SELF-DEFENSE au moment de penser le tonfa A.I.T.O.), car il permet de réaliser les techniques avec une prise naturelle (le tonfa tenue par la poignée). Par ailleurs, comme nous l’avons vu, la légère inclinaison de la poignée permet de respecter l’axe naturel avant-bras/poignet, renforçant ainsi les phases de percussion. Si l’on ajoute à tous les éléments que nous venons de recenser le fait que la fourche formée par l’aileron et le petit côté permet tout une gamme de points de pression bien plus douloureux qu’avec le corps lisse du tonfa et que l’A.I.T.O. autorise son porteur à effectuer en tenue conventionnelle les contraintes articulaires qui n’étaient possibles au tonfa qu’avec une tenue en fourche ou en épée, on perçoit facilement ses apports dans les interventions opérationnelles.
Le cadre légal d’utilisation de l’A.I.T.O. est le même que celui du tonfa, et s’inscrit donc dans les textes relatifs à la légitime défense (122-5 et 122-6 du CP notamment), et aux moyens coercitifs (73, 53 et 803 du CPP). De la même façon, l’usage de l’A.I.T.O. est associé à un code déontologique strict qui proscrit les frappes en zone rouge (tête, cou, triangle génital) à l’entraînement.
Les apports sécuritaires de l’A.I.T.O. additionnés à la possibilité de s’appuyer sur des bases de formation déjà acquises ont déjà séduit plusieurs services de police en Europe. En France, comme pour le tonfa, ce sont d’abord les polices municipales qui commencent à l’adopter, notamment en Polynésie, et certains services spécialisés ayant besoin de travailler au corps à corps dans des espaces restreints ont déjà fait connaître leur intérêt pour l’A.I.T.O.
Pour pouvoir profiter pleinement des innovations qu’offre ce nouveau tonfa, la FFBD Self Défense propose des stages « découverte » et des stages de certification pour les instructeurs.
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Tonfa Aito